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Bienvenue sur mon site dédié aux roses anciennes et modernes. Laissez-moi vous conter l'histoire de jardins remarquables, vous présenter des roses méconnues ou oubliées, vous conseiller de beaux livres...

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vendredi 17 avril 2015

Cuisse de nymphe émue

ou rosa alba incarnata 

Rosier considéré comme un rosier alba dans la nomenclature actuelle, mais qui a été classé parfois en Damas (cf. Dumont de Courset, Jean-Pierre Vibert), ou simplement en sous-espèce de gallique (cf. Jules Gravereaux). En voici les mentions dans les textes anciens :
  • the incarnation rose (Turner, 1568)
  • rosa incarnata -  the carnation rose (Parkinson, 1629)
  • rosa incarnata - the blush rose (Rea, 1665)
  • the blush rose (Miller,1724)
  • Maiden-blush (Miller,1754)
  • Maiden's blush rose (Weston, 1770)
  • rosier incarnat (Guillemeau, 1800)
  • rosa alba rubicunda plena- die Jungfrau Rose (Roessig, 1801) [figure]
  • rosa truncata virginalis - la rose des demoiselles (Bertuch, 1802)
  • rosier incarné = rosa virginalis (Sedy, 1810)
  • Nymphe émue (Guerrapain, 1811)
  • damascena carnea virginalis (Guerrapain, 1811)
  • rosa virginalis (Dumont de Courset, 1811)
  • rosa virginalis (Van Cassel, 1813)
  • rosa virginalis Ait. = rosa incarnata Mill. = rosier virginal (Audibert, 1817)
  • rosa alba incarnata, cuisse de nymphe émue (Redouté, 1817)
  • Virginale (Vibert, 1820)
  • Cuisse de nymphe émue - rosa alba incarnata (Thory, 1820)


C'est le rosier originel qui inspira à Dumont de Courset en 1802 la traduction imagée 'Cuisse de nymphe' alias Rougeur de jeune fille. Ce rosier ancien est désormais appelé de son vrai nom rosa incarnata. A ma connaissance, il n'est pas commercialisé en France et n'est plus conservé à la Roseraie de L'Hay-les-Roses. Ce conservatoire des roses anciennes, près de Paris, le possédait pourtant début 1900 mais il a disparu. Heureusement,  on peut se le procurer en Allemagne et le voir au rosarium de Sangerhausen. 


Rosa incarnata fait figure de rose historique et a longtemps été assimilé au rosier actuel Cuisse de nymphe dont le nom recouvre désormais plusieurs albas différents. On distingue la Grande Cuisse de nymphe, la Petite Cuisse de nymphe, la Cuisse de nymphe émue... François Joyaux a bien résumé la situation en écrivant : "N'en déplaise aux rosiéristes, les variétés sont depuis longtemps confondues". 


Comme pour toutes les roses anciennes, il faut par conséquent se référer aux descriptions d'époque pour être sûr d'être en présence de la bonne variété. Ses caractéristiques sont les suivantes :
Rosa incarnata est dans la plupart des cas semblable à rosa alba minor [la petite rose blanche à centfeuilles], à la fois pour la croissance de l'arbuste (hauteur d'un rosier de Damas) et la taille de la fleur. La plante n'est pas très grande mais très épaisse. La fleur est d'un rose lumineux, coloris variable d'une fleur à l'autre. Certaines sont plus pâles que d'autres. Elles ont un petit parfum. (cf. Parkinson)  
Tiges unies, hautes de trois à quatre pieds et plus, sans épines ou presque sans épines ; feuilles velues en dessous ; pédoncules armés de quelques petites épines ; calice à moitié ailé ; ovaires ovales ; odeur de musc. (cf. Miller)
Les fleurs ne sont pas pleines mais très doubles et larges. Elles ont cinq ou six rangs de larges pétales tout à fait ouverts avec des ovaires allongés rétrécis près du calice. (cf. Dumont de Courset) 
Friedrich Justin Bertuch, 1802

Sources :
William TURNER, A new Herball, 1568
John PARKINSON, Paradisi in sole paradisus terrestis, Londres, 1629. Réédité en 1909, voir p.412
Philip MILLER, The gardeners and florists Dictionary, Londres, 1724
Philip MILLER, The gardeners Dictionary, vol. II, Londres, 1735
Laurent de CHAZELLES, Dictionnaire des jardiniers, vol. 6, p.302, Bruxelles, 1788
GUILLEMEAU, Histoire naturelle de la rose, p.85, Paris, 1800
ROESSIG, Die Rosen, nach der Natur gezeichnet und colorirt mit kurzen botanischen Bemerkungen, 1801, figure No. 25
BERTUCH, Bilderbuch für Kinder, vol. 4, 1802 
DUMONT-COURSET, Le Botaniste cultivateur, Tome 3, p.348, Paris, An X (1802)
Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle, Vol. XIX, 1803
Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, T. 11, p.259, Paris, 1809
DUMONT DE COURSET, Le Botaniste cultivateur, 2ème édition, Tome 5, p.478, Paris, 1811
T. GUERRAPAIN, Almanach des roses, 1811, p.15
REDOUTE, Les Roses, 1817, p.98
DE PRONVILLE, Nomenclature raisonnée du genre rosier, Paris, 1818
THORY, Prodrome de la monographie des espèces et variétés connues du genre rosier, 1820, p.96
Jules GRAVEREAUX, Les roses cultivées à L'Haÿ en 1902, page 29, rosier n° 126.

(photos : Karin Schade)
Pour illustrer cet article, j'ai emprunté les clichés de Karin Schade, qui a retrouvé le "vrai" Cuisse de nymphe, au rosarium allemand de Sangerhausen.  Elle a constitué une planche botanique pour comparaison avec la rose Small Maiden's Blush. Pour plus d'images, voici les liens : notice rosier incarnata ; planche comparative.
Une notice botanique, très intéressante, est consultable aussi sur l'incontournable site RoseBiblio ⇨ Rosa_x_alba_L._var._incarnata_(Mill.)_Weston



Il arrive de temps en temps que des fleurs entièrement roses ou mi-rose pâle, mi-blanches apparaissent. Elles ont un petit œil vert au centre. Le feuillage gris-vert est composé de 5 à 7 folioles ovales, allongées et pointues aux dents profondes et pointues. La forme concave des feuilles aux bords relevés est typique de ce rosier. Les tiges sont pourvues de vigoureux aiguillons crochus rouge-brun. Les fleurs sont suivies de cynorrhodons ovales, allongés, rouges et brillants, presque sans soies.
Les rosiers Cuisse de nymphe qui sont actuellement sur le marché sont en réalité la variété Great Maiden's Blush alias Grande Cuisse de nymphe, aux aiguillons droits à large base et aux réceptacles en forme de dé à coudre.

R. incarnata Mill. / R. alba var. incarnata (Mill.) Pers. / R. carnea Dum.-Courset / R. provincialis var. incarnata (Mill.) Martyn 
Le nom de R. incarnata a suscité beaucoup de confusion. Tel qu'utilisé par certains botanistes pré-linnéens, cela, ou le pluriel Rosae incarnatae, signifiait ce que l'on appelle maintenant R. damascena, tandis que certains botanistes français du siècle dernier considéraient que la R. incarnata de Miller était une forme de R. gallica avec une faible densité, des branches armées et des folioles composées de glandes. Une comparaison entre des spécimens d’herbiers authentiques montre toutefois que R. incarnata de Miller est identique à la «Cuisse de Nymphe» des jardins français. Le nom anglais de celui-ci - «Maiden’s Blush» - est parfois attribué à William Hanbury, dans un charmant passage à ce sujet dans son Compleat Body of Gardening (1770-1771). En fait, Miller l’a lui-même utilisé dans l’édition de 1752 de son dictionnaire. Le Maiden’s Blush se distingue de R. alba par la couleur de ses fleurs, ses tiges presque non armées, ses folioles plus nombreuses (la plupart du temps sept) et par la présence de nombreux piquants glandulaires en forme d’aiguilles sur les rameaux en fleurs sous les bractées. C'est presque certainement le même que le R. incarnata de Parkinson et une très vieille rose. Miller ne connaissait apparemment pas le "Great Maiden’s Blush" (R. alba var. Regalis Thory), qui est maintenant plus courant dans les jardins. Cependant, il figure dans la Flora Anglicana (1775) de Weston sous le nom de Great Maiden’s Blush Rose, avec R. incarnata major comme nom latin.
inTrees And Shrubs Hardy In The British Isles, 8th Edition Revised, Vol. IV, W.J. Bean, 1981

8 commentaires:

  1. Et bien j'ai hâte de découvrir la floraison de mon cuisse de nymphe émue ... ou pas !!! ...et de t'en montrer les photos pour que tu puisses me dire ce que tu en penses !!! pour l'instant... pas l'ombre d'un bouton alors j'espère qu'il ne jouera pas les capricieux encore cette année !!! ta première photo (très belle !) est la copie presque conforme d'une photo que j'ai fait l'année dernière de mon stanwell perpetual !!! hou la la ! je viens peut être de dire une grosse bêtise mais la ressemblance m'a surprise ... bonne soirée Alix :)

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    1. De retour de vacances, je reprends le fil des commentaires.
      Non, tu ne dis pas une bêtise ! La couleur et la forme sont semblables. Stanwell perpetual a juste beaucoup plus de feuilles et d'aiguillons...
      Bises :)

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  2. Comme Nathalie, je vais bien regarder " la floraison de mon cuisse de nymphe émue ... ou pas !!! " Histoire à suivre!
    Bon dimanche

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    1. Laquelle d'entre nous aura la Cuisse la plus émue...
      Histoire à suivre, comme tu dis !

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  3. Je ne possède pas cette rose alors je prends plaisir à regarder celles des copines. Si l'on pouvait avoir un jardin élastique qui permettrait d'y mettre tous nos désirs ! (mais qu'est ce que nous aurions comme boulot aussi). Bonne soirée !

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    1. C'est parce que j'ai acheté deux fois ce rosier et que j'ai eu deux rosiers différents que j'ai mené l'enquête sur ses origines. Malheureusement, comme toi, le jardin est bien trop petit pour intégrer toutes mes envies !

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  4. Très intéressant ton article Alix ! J'adore 'Cuisse de Nymphe émue' qui m'enchante chaque année ... depuis l'automne dernier, j'ai récupéré un rosier qui serait peut-être 'Cuisse de Nymphe' (vendu comme 'Charles de Mills', je te raconte pas la tête de mon amie !!!) mais je vais attendre la prochaine floraison pour revoir les fleurs et l'arbuste pour tenter de confirmer son identité ... En tout cas, de mémoire, il est magnifique !!! Bises

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    1. Un "Charles de Mills" un peu spécial, en effet !
      Ce serait chouette que tu nous montres des photos des fleurs, ce printemps. J'adore jouer au détective...
      Bises :)

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