Description


Bienvenue sur mon site dédié aux roses anciennes et modernes. Laissez-moi vous conter l'histoire de jardins remarquables, vous présenter des roses méconnues ou oubliées, vous conseiller de beaux livres...

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vendredi 23 juin 2023

Guides des roseraies en France et Europe

Forts de leur expérience de la ré-édition, en 2018, du Guide des roseraies et jardins de roses en France, les membres de la section "roses" de la Société Nationale d'Horticulture de France viennent de publier en mai 2023, la nouvelle version du Guide des roseraies en Europe, ouvrage bilingue français-anglais, disponible à la vente sur la boutique en ligne de la SNHF.

Chaque roseraie fait l'objet d'une description avec tous les renseignements pratiques pour aller la visiter.


L’intérêt des lieux mentionnés, pour les amateurs de roses, réside soit dans l’abondance du nombre de leurs rosiers, soit dans l’esthétique particulière de leur mise en scène, soit dans les caractéristiques de leur collection (rosiers botaniques, roses anciennes, roses parfumées…), soit encore par les manifestations qui y sont organisées, axées sur les roses. 


roseraie du parc de la Tête d'or, à Lyon 

 

Bien entendu, plusieurs de ces raisons peuvent se compléter pour un même site. Leur intérêt a été validé par des passionnés, des associations nationales des roses ou encore des offices de tourisme. 


roseraie municipale de Lassay-les-Châteaux


Les informations ont été fournies par les propriétaires et gestionnaires de ces lieux, privés et publics. 


roseraie conservatoire du Val-de-Marne


Ce guide recense ainsi plus de 200 roseraies et jardins de roses en Europe. Ils sont classés par pays et par ordre alphabétique de commune. Une carte et une liste pour chaque pays facilitent leur repère.




Dans cet autre guide, découvrez pour la France uniquement, région par région, plus de 150 adresses de lieux, privés ou publics, ouverts à la visite.
Exemple de fiche de présentation d'une des roseraies sélectionnées :




Je vous invite également à jeter un oeil sur ma liste, qui contient des adresses plus confidentielles :

vendredi 16 juin 2023

Veilchenblau

ou Bleu VioletBleu Violette, rosier sarmenteux, obtenu par J. C. Schmidt en 1908 (Allemagne). Une seule floraison en juin.












illustré en 1965 par
Jirina Kaplickà



jeudi 8 juin 2023

Cuisse de nymphe émue

ou rosa alba incarnata 

Rosier considéré comme un rosier alba dans la nomenclature actuelle, mais qui a été classé parfois en Damas (cf. Dumont de Courset), ou simplement en sous-espèce de gallique (cf. Jules Gravereaux). En voici les mentions dans les textes anciens :
  • rosa incarnata - the carnation rose (Parkinson, 1629)
  • rosa incarnata - the blush rose (Rea, 1665)
  • rosa incarnata - the blush rose (Miller, 1732)
  • rosa incarnata - the blush rose = Maiden-blush (Miller, 1754)
  • Maiden's blush rose (Weston, 1770)
  • rosier incarnat (Guillemeau, 1800)
  • rosa alba rubicunda plena- die Jungfrau Rose (Roessig, 1801) [figure]
  • rosa truncata virginalis - la rose des demoiselles (Bertuch, 1802)
  • rosier incarné = rosa virginalis (Sedy, 1810)
  • Nymphe émue (Guerrapain, 1811)
  • damascena carnea virginalis (Guerrapain, 1811)
  • rosa virginalis = rosa incarnata Miller (Dumont de Courset, 1811)
  • rosa virginalis (Van Cassel, 1813)
  • Cuisse de nymphe émue (Mordant de Launay, 1813)
  • rosa virginalis Ait. = rosa incarnata Mill. = rosier virginal (Audibert, 1817)
  • rosa alba incarnata, cuisse de nymphe émue (Redouté, 1817)
  • Cuisse de nymphe émue - rosa alba incarnata (Thory, 1820)


Ce rosier ancien est désormais identifié comme étant rosa incarnata. Mais à ma connaissance, il n'est pas commercialisé sous cette appellation en France. Est-il toujours conservé à la Roseraie de L'Haÿ-les-Roses ? Ce conservatoire des roses anciennes, près de Paris, le possédait pourtant début 1900 mais il semble disparu. A moins qu'il ne soit cultivé sous un autre nom.

Rosa alba incarnata fait figure de rose historique et a longtemps été assimilé au rosier actuel Cuisse de nymphe (Great Maiden's blush). Charlotte Testu, dans son ouvrage sur les roses botaniques, avait bien marqué la différence. En revanche, François Joyaux, ne le connaissant pas, l'a confondu avec Great Maiden's blush. Les rosiéristes ont malheureusement suivi cette voie. 

Les rosiers Cuisse de nymphe émuequi sont vendus en France, sont souvent, en réalité, la variété Félicité Parmentier. L'erreur provient de la roseraie-conservatoire du Val-de-Marne qui cultive cette rose sous ces deux noms. 

Les rosiers Cuisse de nymphe qui sont actuellement sur le marché sont la variété Great Maiden's Blush alias Grande Cuisse de nymphe, aux aiguillons droits à large base et aux réceptacles en forme de dé à coudre.  

Devant toutes ces confusions, j'ai eu un mal fou pour me procurer ce rosier. Je l'ai finalement trouvé à la pépinière Roses Loubert, sous l'appellation erronée Félicité Parmentier !
dans mon jardin, floraison en mai

Je comprends le grand amalgame concernant ce rosier. Ses fleurs ressemblent comme deux gouttes d'eau à celles de Cuisse de nymphe (Great Maiden's blush). Leur couleur, au départ et par temps frais, est franchement rose. Elles pâlissent très rapidement et finissent blanches. L'observation de l'arbuste (aiguillons et feuillage) permet de les différencier. De plus, les boutons de Rosa incarnata sont rose clair, alors que ceux de Cuisse de nymphe sont crème.


Comme pour toutes les roses anciennes, il faut se référer aux descriptions d'époque pour être sûr d'être en présence de la bonne variété. Ses caractéristiques sont les suivantes :
Rosa incarnata est dans la plupart des cas semblable à rosa alba minor [la petite rose blanche à centfeuilles, notre actuelle rosa alba maxima], à la fois pour la croissance de l'arbuste (hauteur d'un rosier de Damas) et la taille de la fleur. La plante n'est pas très grande mais très épaisse. La fleur est d'un rose lumineux, coloris variable d'une fleur à l'autre. Certaines sont plus pâles que d'autres. Elles ont un petit parfum. (cf. Parkinson)  
Tiges unies, hautes de trois à quatre pieds et plus, sans épines ou presque sans épines ; feuilles velues en dessous ; pédoncules armés de quelques petites épines ; calice à moitié ailé ; ovaires ovales ; odeur de musc. (cf. Miller)
Les fleurs ne sont pas pleines mais très doubles et larges. Elles ont cinq ou six rangs de larges pétales tout à fait ouverts avec des ovaires allongés rétrécis près du calice. (cf. Dumont de Courset) 
Friedrich Justin Bertuch, 1802

Sources :
William TURNER, A new Herball, 1568
John PARKINSON, Paradisi in sole paradisus terrestis, Londres, 1629. Réédité en 1909, voir p.412
Philip MILLER, The gardeners and florists Dictionary, Londres, 1724
Philip MILLER, The gardeners Dictionary, vol. II, Londres, 1735
Laurent de CHAZELLES, Dictionnaire des jardiniers, vol. 6, p.302, Bruxelles, 1788
GUILLEMEAU, Histoire naturelle de la rose, p.85, Paris, 1800
ROESSIG, Die Rosen, nach der Natur gezeichnet und colorirt mit kurzen botanischen Bemerkungen, 1801, figure No. 25
BERTUCH, Bilderbuch für Kinder, vol. 4, 1802 
DUMONT-COURSET, Le Botaniste cultivateur, Tome 3, p.348, Paris, An X (1802)
Nouveau Dictionnaire d'Histoire Naturelle, Vol. XIX, 1803
Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, T. 11, p.259, Paris, 1809
DUMONT DE COURSET, Le Botaniste cultivateur, 2ème édition, Tome 5, p.478, Paris, 1811
T. GUERRAPAIN, Almanach des roses, 1811, p.15
REDOUTE, Les Roses, 1817, p.98
DE PRONVILLE, Nomenclature raisonnée du genre rosier, Paris, 1818
THORY, Prodrome de la monographie des espèces et variétés connues du genre rosier, 1820, p.96
Jules GRAVEREAUX, Les roses cultivées à L'Haÿ en 1902, page 29, rosier n° 126.

(photos : Karin Schade)
Pour illustrer cet article, j'ajoute les clichés de Karin Schade, qui a retrouvé le "vrai" Cuisse de nymphe émue, au rosarium allemand de Sangerhausen.  
Une notice botanique, très intéressante, est consultable aussi sur l'incontournable site RoseBiblio ⇨ Rosa_x_alba_L._var._incarnata_(Mill.)_Weston



Il arrive de temps en temps que des fleurs entièrement roses ou mi-rose pâle, mi-blanches apparaissent. Elles ont un petit œil vert au centre. Le feuillage gris-vert est composé de 5 à 7 folioles ovales, allongées et pointues aux dents profondes et pointues. La forme concave des feuilles aux bords relevés est typique de ce rosier. Les tiges sont pourvues de vigoureux aiguillons crochus rouge-brun. Les fleurs sont suivies de cynorrhodons ovales, allongés, rouges et brillants, presque sans soies.

R. incarnata Mill. / R. alba var. incarnata (Mill.) Pers. / R. carnea Dum.-Courset / R. provincialis var. incarnata (Mill.) Martyn 
Le nom de R. incarnata a suscité beaucoup de confusion. Tel qu'utilisé par certains botanistes pré-linnéens, cela, ou le pluriel Rosae incarnatae, signifiait ce que l'on appelle maintenant R. damascena, tandis que certains botanistes français du siècle dernier considéraient que la R. incarnata de Miller était une forme de R. gallica avec une faible densité, des branches armées et des folioles composées de glandes. Une comparaison entre des spécimens d’herbiers authentiques montre toutefois que R. incarnata de Miller est identique à la «Cuisse de Nymphe» des jardins français. Le nom anglais de celui-ci - «Maiden’s Blush» - est parfois attribué à William Hanbury, dans un charmant passage à ce sujet dans son Compleat Body of Gardening (1770-1771). En fait, Miller l’a lui-même utilisé dans l’édition de 1752 de son dictionnaire. Le Maiden’s Blush se distingue de R. alba par la couleur de ses fleurs, ses tiges presque non armées, ses folioles plus nombreuses (la plupart du temps sept) et par la présence de nombreux piquants glandulaires en forme d’aiguilles sur les rameaux en fleurs sous les bractées. C'est presque certainement le même que le R. incarnata de Parkinson et une très vieille rose. Miller ne connaissait apparemment pas le "Great Maiden’s Blush" (R. alba var. Regalis Thory), qui est maintenant plus courant dans les jardins. Cependant, il figure dans la Flora Anglicana (1775) de Weston sous le nom de Great Maiden’s Blush Rose, avec R. incarnata major comme nom latin.
inTrees And Shrubs Hardy In The British Isles, 8th Edition Revised, Vol. IV, W.J. Bean, 1981