Description


Bienvenue sur mon site dédié aux roses anciennes et modernes. Laissez-moi vous conter l'histoire de jardins remarquables, vous présenter des roses méconnues ou oubliées, vous conseiller de beaux livres...

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samedi 30 mars 2019

Comme des roses avant l'heure...

Un beau soleil brille sur le jardin mais les floraisons se font attendre. J'admire juste les iris et les tulipes de mes voisins. Le printemps donne des ailes et des envies de couleurs...
Un passage en jardinerie et hop, j'emporte sous mon aile bras, cet adorable cognassier du Japon. En voilà une idée ! 
Chaenomeles speciosa 'Falconnet charlet'

Pour patienter avant l'arrivée des premières corolles, pourquoi ne pas installer cet arbuste décoratif dont les fleurs rappellent si bien les roses ? Il appartient d'ailleurs à la même famille botanique, celle des rosacées.
J'ai fait l'essai l'an dernier et cela a été très concluant. Les cognassiers du Japon s'épanouissent tôt, ici fin février et la floraison dure longtemps. Ils s'harmonisent parfaitement avec les clématites armandii blanches, en fleurs aussi actuellement.

Chaenomeles speciosa umbilicata

Au jardin pousse donc déjà Chaenomeles speciosa umbilicata. Il a des fleurs simples rose foncé. 
Je l'ai planté au milieu de rosiers. C'est osé car cet arbuste peut devenir imposant et large. Tant pis, je prends le risque. Il a une croissance faible et s'est même très peu développé en un an. Je vais le surveiller et le taillerai en buisson avec une forme colonnaire. Il paraît qu'on peut les "bonzaïfier" et les cultiver en pot.
Chaenomeles speciosa 'Falconnet charlet'

Nouvelle plantation donc, avec cette sélection à fleurs saumon. Les images du net me donne la chair de poule quand je vois le gabarit de l'arbuste à taille adulte. Mais je ne suis plus à un challenge près au jardin ! Je l'ai coincé en fond de massif, entre deux rosiers grimpants, traités en arbustes. Ils conserveront la même taille.



Chaenomeles x superba 'Coral sea'

Ces couleurs douces donnent envie d'essayer d'autres variétés. On rencontre fréquemment les cultivars aux fleurs plutôt rouges dont l'espèce type Chaenomeles japonica, alors qu'il existe des spécimens rose pâle, rose pêche et même blancs, d'origine chinoise. 



Comme les rosiers, certains ont les fleurs simples (5 pétales), style églantines. D'autres produisent des corolles semi-doubles (15 pétales), qui éclosent par petites boules groupées le long des branches, plus ou moins épineuses.
La floraison débute en fin d'hiver, avant l'apparition des feuilles puis suivent des fruits vert jaune, semblables à des coings miniatures, comestibles cuits. 



Chaenomeles speciosa 'Cameo'

Parfaitement rustiques, les cognassiers du Japon ont tendance à émettre de nombreux rejets. Les sols lourds et fertiles ne sont pas pour leur déplaire mais ils n'apprécient pas les terres très calcaires. Ils se plaisent en plein soleil en gardant le pied au frais. Leur hauteur adulte avoisine 1,80 m.

Chaenomeles speciosa 'Nivalis'



Chaenomeles speciosa 'Geisha girl'


Speciosa signifie superbe en latin. Ils le méritent bien, non ?!

mardi 19 mars 2019

Comment bien nourrir ses rosiers ?

La saison démarre ! Vous avez sans doute déjà tous taillé vos rosiers. Ici, c'est fait depuis belle lurette car chaque année, le sécateur me démange et je suis incapable d'attendre février pour couper.
La taille est la tâche au jardin que je préfère. Alors dès décembre, j'inspecte chaque rosier un à un et chacun prend une forme nette et toute propre pour l'hiver. Je vois 2 avantages à cette coupe précoce (à réserver aux régions à hivers peu rigoureux) :
  1. je jardine quand le temps est encore clément ( janvier et février sont les mois les plus froids et je sors peu au jardin) 
  2. j'accélère la période de floraison car taille hâtive = floraison précoce.
Désormais, le temps est venu de nourrir les rosiers qui débourrent à vive allure, sous ce soleil printanier. 
J'ai sorti l'arsenal indispensable pour nourrir ma collection de roses. Tout d'abord, du fumier de cheval. Je l'achète prêt à l'emploi, déjà bien composté. Ce serait intéressant de contacter un propriétaire de chevaux pour récupérer du fumier de ferme mais il faut pouvoir le stocker. Ce qui m'est impossible.
Deuxième ingrédient au menu : de l'engrais minéral en granulés. Cette année, j'ai opté pour un gros sac d'engrais universel. Le dosage NPK n'est pas parfait pour des rosiers (voir mon article à ce sujet ici) mais il est élevé. Et surtout, le sac offre une grande contenance ; c'est plus économique que d'acheter plein de petits paquets.
C'est parti pour un épandage d'engrais au pied de chaque rosier. 
Je verse une poignée de granulés par sujet. La couleur bleu pétant évite d'en oublier un !

Puis vient la seconde opération : ajouter le fumier de cheval.
Je ne griffe pas la terre auparavant pour enfouir les granulés. Je répartis directement sur les petites billes bleues, 3 poignées de fumier. Pour les réfractaires au crottin de cheval, sachez que cette belle substance moelleuse, digne d'un gâteau au chocolat, n'a pas d'odeur nauséabonde. Une odeur de campagne discrète.
Le fumier de cheval est conseillé pour les sols lourds et argileux (cas de mon jardin). On peut utiliser aussi une autre fumure organique : fumier de bovin, pour les terres légères ou fumier de mouton, pour les terres lourdes. Dans tous les cas, le fumier doit être mûr, c'est-à-dire bien décomposé, pour ne pas brûler les plantes à son contact.
On peut remplacer le fumier composté (origine animale et végétale) par du compost domestique (origine végétale). Mais ce dernier, quoique écologique et gratuit, contient moins d'éléments fertilisants. Dans les deux cas, fumier et compost ne sont pas considérés comme des engrais (car trop faibles valeurs NPK) mais comme des amendements. Ils apportent l'humus indispensable à la vie du sol et contribuent à améliorer sa structure. L'objectif est de nourrir aussi la terre pour maintenir sa fertilité.   
Le repas est terminé. Les giboulées de mars sont maintenant attendues avec impatience. La pluie va désintégrer ce cocktail nourrissant. Les principes actifs vont pénétrer dans la terre jusqu'aux racines.
mais grande question : faut-il répéter cette action de fertilisation ? 
Le sol n'est-il pas prêt, avec cet engraissage de masse, à affronter la belle saison ? Personnellement, je ne renouvelle pas l'opération en été. Il y aurait surdosage. Les plantes se débrouillent seules par la suite. Elles ont surtout besoin d'eau pour refleurir.
Cas particulier : les rosiers chétifs qui peinent en cours de route. Alors là, j'ai l'arme secrète.
 


Pour les rosiers paresseux qui ne donnent pas satisfaction en termes de feuillage ou qui sont trop fluets, pas assez branchus, je donne une ration de sang séché
Il s'agit d'un engrais 'coup de fouet' à appliquer en cours de végétation. Il stimule la croissance de nouvelles tiges et provoque un développement plus massif du feuillage. Cette poudre d'origine animale est riche en azote et sa diffusion souterraine est rapide. On l'épand aussi au pied des rosiers.
Il ne faut pas confondre son action avec celle de la corne broyée, qui elle est un fertilisant de fond. 








La corne broyée s'emploie à la plantation des rosiers. 
C'est aussi en engrais riche en azote organique mais il est incorporé lors de la préparation du sol.
Il suffit d'en verser une poignée dans le trou de plantation et de la mélanger avec  la terre extraite.
Cet engrais à libération progressive va enrichir le sol en accompagnant la croissance du rosier.



Bon jardinage à tous

jeudi 7 mars 2019

Les roses de la Renaissance (1540-1600)

Vaste entreprise que de vouloir répertorier les roses cultivées à la Renaissance, en Europe ! L'exercice a déjà maintes fois abouti et nous savons dans les grandes lignes quels sont les rosiers connus à cette époque mais je suis certaine que l'on peut encore affiner les recherches. 
Principe fondamental en recherche historique, toujours revenir à la source. Pour la période qui nous intéresse (1540-1600), je suis donc partie du texte à la fois le plus ancien et le plus précis, celui de Rembert Dodoens. Ce médecin de Malines, dans l'actuelle Belgique, s'intéressa à la botanique pour l'exercice de son art et pour cette raison, écrivit un herbier. Une édition en flamand, sous le titre Crŭÿdeboeck, parut en 1554, suivie de la version en français Histoire des plantes, en 1557.
Les roses étaient bien sûr mentionnées auparavant dans les rares livres à usage médical mais sans description développée. Ce sont les ouvrages des trois compères flamands Rembert Dodoens, Matthias De Lobel (Lobelius) et Charles De L'Ecluse (Clusius) qui renferment les données les plus détaillées pour l'étude des roses historiques, gravures monochromes sur bois à l'appui. Mais j'ai comparé et analysé tous les écrits et images que j'ai pu trouver.

frontispice du Cruydt-Boeck, publié en 1618
Les représentations en couleurs de l'allemand Conrad Gesner (1565) et celles de Jacob van der Corenhuyse (1569), dans le magnifique Libri picturati, parachèvent le tableau. Elles permettent de confirmer les identifications des fleurs. J'ai repris aussi les illustrations en noir et blanc de Tabernaemontanus (1590), quoique moins fidèles. 
Partons ainsi à la découverte des rares roses qui ornaient peut-être les jardins d'Henri IV et Catherine de Médicis. Elles étaient bien moins prisées que les bulbes à fleurs qui séduisaient par leur diversité (tulipes, narcisses, muscaris, jacinthes...). Finalement, les roses cultivées (par opposition aux roses sauvages) étaient d'un nombre très réduit, à la Renaissance. 
  • rosa alba
le rosier blanc, le rosier par excellence qui est représenté dans les enluminures, sur les peintures flamandes et italiennes... Les 2 formes rosa alba maxima et rosa alba semi-plena sont cultivées depuis la nuit des temps. En 1544, l'italien Pierandrea Matthioli les juge ordinaires et précisent qu'elles ne sont point pratiquées en médecine
En 1570, le botaniste provençal Pierre Pena cite rosa candida, à l'aspect éclatant de la neige. 
En 1588, l'allemand Joachim Camerarius reprend cette appellation et différencie rosa alba candida simplex et plena. Ils les nomment les rosiers à couleur de cendre car leur feuillage est gris-vert.
Camerarius

rosa alba maxima

  • rosa rubra
la rose rouge odoriférante, selon Dodoens, en 1554. Le botaniste allemand Camerarius la nomme en 1588 rosa rubicunda. Il précise qu'elle est utilisée pour la fabrication de confiseries. C'est la rose sucrée des confiseurs, rosa gallica conditorum. Elle est rouge vif et compte plus de pétales que rosa gallica officinalis. 
Elle est peinte vers 1569 par Jacob van Corenhuyse (Libri picturati A20), avec sa couleur rouge éclatante, ses nombreux pétales et son petit oeil vert central. 

la rose rouge (Libri picturati)

  • rosa purpurea
'groß Provinß Rose', malencontreusement renommée rosa provincialis major par l'allemand Jacob Theodor (dit Tabernaemontanus), sur sa gravure de 1590. Cette confusion entre le mot Provinß (= de la ville française de Provins) et le mot Provinße (= de la Provence = provincialis), termes utilisés par Dodoens et Clusius, engendra des siècles durant de nombreux amalgames entre roses galliques, roses de Damas et roses centfeuilles. 
Dessiné avec de grandes fleurs, drageonnant, sans aiguillons et avec 3-5 folioles, ce 'grand rosier de Provins' représente assurément la rose des apothicaires, rosa gallica officinalis. Dodoens la nomme précisément en 1554 rosa purpurea, la rose pourpre et la classe parmi les rosiers rouges (rosiers galliques). Mattioli explique que le jus des roses rouges est le plus estimé en médecine.
Elle est peinte vers 1569 par Jacob van Corenhuyse (Libri picturati A20), avec exactement sa forme actuelle et son coloris pourpre carminé. Peinture ci-dessous. Rosa gallica officinalis contient une vingtaine de pétales.
 

Libri picturati - 1569

                  Le Moyne de Morgues, vers 1580


  • rosa parvifolia
'klein Provinß Rose', littéralement 'le petit rosier de Provins', par opposition au précédent. Tabernaemontanus refait la même erreur de traduction, en utilisant le terme provincialis. Il veut certainement faire référence à un rosier gallique. Le mot Provins désignera par extension et abusivement tous les rosiers galliques. 
Tabernaemontanus est le premier à mentionner ce rosier et à l'illustrer. Rosa parvifolia porte de petites fleurs et 7 folioles effilées caractéristiques.
Ce rosier sera nommé par la suite rosa rubra humilis et en anglais, the dwarf red rose, le rosier rouge nain. Il mesure 60 cm. 

  • rosa holosericea
la rose brunâtre de Provins, selon Dodoens en 1554. Il la décrit d'une belle couleur rouge obscur, à l'odeur fort plaisante, la meilleure pour la médecine. Les textes anciens insistent sur cette rose de Provins, dont la couleur la plus foncée connue, fascinait déjà. Rosa gallica étant endémique en Europe, cette rose a t-elle été importée lors des croisades ? Le botaniste lyonnais Daleschamps l'assimile à la rosa milesia décrite par Pline l'ancien, soit la rose cultivée à Milet, en Turquie. Il précise qu'elle est haute en couleur et possède 12 feuilles, c'est-à-dire 12 pétales. 
Elle est peinte vers 1569 par Jacob van Corenhuyse, avec sa forme simple, sa belle couleur carmin foncé et son grand cercle jaune d'étamines. Il l'appelle la rose de velours (fluweel roose).
Dès 1581, Lobelius la nomme rosa holosericea : la rose toute de soie, en latin (gravure NB). En 1588, Camerarius cite rosa milesia intense rubens simplex pour la pharmacopée. L'anglais John Gerard la compare aussi à du velours en 1596 (the velvet rose) et la trouve d'un rouge noir et profond, ressemblant à du velours rouge cramoisi
En France, elle sera désignée sous l'appellation rosa gallica maheca, la rose veloutée. Il s'agit certainement de notre rose actuelle 'La Belle Sultane' (ou 'Violacea'), tout autant veloutée et ayant exactement 12 pétales.

rosa gallica Violacea


  • rosa nigricans

Une forme double de rosa holosericea existe déjà à la Renaissance. Elle est étudiée par Conrad Gesner vers 1565. Il l'illustre de plusieurs rangs de pétales rouge brunâtre entourant des étamines saillantes et avec un feuillage menu. Il semble s'agir de notre rose Tuscany, qui a ces caractéristiques.
En 1588, Camerarius la décrit rouge noirâtre (rubro nigricans) et violacée. 
En 1595, elle est représentée par l'allemand Daniel Fröschl, avec une couleur franchement noire et de nombreux pétales, dans son album de fleurs totalement méconnu, le 'Codice Casabona'. Cet herbier peint avait été commandé par Joseph Goldenhuyse dit Casabona, herboriste du Jardin de simples de Pise, en Italie.

Daniel Fröschl, Codice Casabona, 1595

Tuscany

  • rosa francofurtana 
Clusius dit avoir reçu en 1576, à Vienne, un rosier très grand et sans piquants, de la part du Dr Johannes Schröter senior, médecin à Iena en Thuringe (Allemagne). Celui-ci l'avait obtenu du comte de Mansfeld.
Clusius le nomme en 1583, rosa sine spinis, la rose sans épines et en donne une description. Ses feuilles vert foncé sont lustrées dessus, blanchâtres dessous. Les fleurs, à pétales multiples et au parfum agréable, sont plus grandes que les roses de Damas. Elles sont de couleur moyenne, entre les rouges et les Damas [entre rouge et rose].
Le botaniste ajoute qu'il l'a vu de nombreuses années plus tard dans les jardins des praticiens de Munich et de Francfort. D'où son appellation future, rosa francofurtana.

Clusius, 1583
Cette rose a un réceptacle peu commun qui s'évase vers le sommet et qui est couronné d'un étranglement en son milieu. L'enlumineur Joris Hoefnagel, qui résidait à Francfort, a peint fidèlement cette rose à l'état de bouton, avec sa caractéristique botanique.
Joris Hoefnagel, 1594

  • rosa damascena
Elle est décrite en 1540 par le médecin andalou Nicolas Monardes sous le nom rosa persica ou l'Alexandrine. Il raconte qu'elle est appelée par les français, rosa damascena, car on croit qu'elle vient de Damas. Sa couleur est entre blanc et rouge. Il poursuit : Chez nous, cela fait près de 30 ans qu'elle a attiré l'attention. Au départ, c'était un médicament précieux pour les nobles, maintenant, on en trouve vraiment partout. Le rosier existe chez nous mais a plus la taille d'un buisson que d'un arbre. Il est armé de nombreux piquants pointus.
En 1554, Dodoens la localise comme étant la rose de Provence, ni rouge, ni blanche et plus haute que la rose rouge. En 1570, le provençal Pierre Pena compare sa couleur aux joues d'une jeune fille et la nomme rosa pallida, la rose pâle.
la rose de Province (sic) - 1569
Libri picturati 


En 1576, Lobelius cite une rosa damascena, cultivée par Adrianus van der Gracht et la décrit comme la rose de Provence, au vif parfum. L'adjectif 'rose' n'existe pas encore dans le vocabulaire, le terme utilisé est incarnat. En 1588, Camerarius l'appelle ainsi rosa incarnata, la rose incarnate. 
On suppose qu'elle est originaire de Syrie et qu'elle était cultivée en Provence pour la distillation. Les médecins Lobelius et Clusius ont étudié à Montpellier. Ils ont sans nul doute rapporté en Flandre, des plantes du Sud de la France. 
illustrée par Joris Hoefnagel entre 1591-1596

La forme remontante, rosa damascena semperflorens, existait-elle déjà à cette époque ?  C'est fort possible. En 1570, Pierre Pena évoque une franche remontée de roses mais sans donner de nom. Voir la conclusion de cette étude. 
L'anglais John Gerard est tout aussi imprécis en 1597, lorsqu'il dit en parlant des rosiers : " Ils fleurissent de fin mai à fin août, et quelques temps après, parce que les extrémités et les branches superflues sont coupées à la fin de la floraison, ils fleurissent alors parfois même jusqu'à octobre et au-delà ".

  • rosa damascena versicolor
Dès 1576, Lobelius mentionne l'existence d'une rose de Provence, parfumée, entièrement blanche ou mélangé de blanc et de rose. Il ajoute qu'elle a été obtenue avec grand succès par l'éminent et habile Dr. Adrianus van der Gracht, à Gand (Belgique). Il s'agit de la rose bicolore York and Lancaster.

  • rosa damascena maxima
Les jardiniers Hollandais commencent à rechercher des roses de plus en plus doubles, c'est-à-dire comportant le plus de pétales. Lobelius cite en 1581 une rosa damascena maxima, rose de Provence très double (gravure NB). 
Conrad Gesner illustrait déjà vers 1565-1569 une rose de Damas avec de nombreux pétales. Peinture ci-dessous. En allemand, c'est la liebfarge Rose : la rose de couleur douce.
 
Ce rosier, de nos jours, est conservé sous le nom "rosier de Damas', rosa damascena Mill., du nom du botaniste anglais Philip Miller.


Cette rose a été peinte avec précision en 1585 par le cartographe Jacques Le Moyne de Morgues. Il a bien restitué les folioles ovales gris vert, plus pâles dessous, les pétales lâches blanc rosé en périphérie et le réceptacle allongé, rétréci au calice.
Le Moyne de Morgues, 1585

  • rosa centifolia
C'est l’avènement des roses pleines. Clusius raconte qu'il a reçu deux rosiers d'un certain Johan van Hogheland. L'un de ces rosiers a fleuri en 1591 avec des fleurs larges, très doubles et très parfumées. Clusius la baptise rosa centifolia batavica. Les bataves sont les hollandais. La rose centfeuilles de Hollande est née. 
En 1597, l'anglais Gerard la nomme alors rosa hollandica, the great Holland rose ou great province rose. Il dit qu'elle a la même couleur que la Damas (province rose) mais qu'elle est plus grande, plus double. Les étamines sont presque invisibles. C'est une sorte de rose de Damas, meilleure et améliorée par l'art.

Le peintre allemand Georg Flegel l'immortalise sous le nom batavische Rose.
 



Conclusion

Cette étude n'est pas exhaustive et ne présente pas les roses botaniques, sauvages. Citons tout de même deux roses rares mais connues en Europe avant 1600 : Rosa moschata, la rose musquée et Rosa cinnamomea pour laquelle j'ai déjà rédigé une notice ici.

Comme mot de fin, je reprends le charmant texte de Pierre Pena datant de 1570, traduit du latin : 
" Les roses cultivées sont la coqueluche du monde et un grand honneur pour la rose. Elles méritent amplement un billet. Elles sont de différentes couleurs, les pourpres sanguines, les mélangées de blanc et de rouge, les pâles, les blancs de neige. Certaines ont presque les feuilles persistantes et sont aussi étonnamment fructueuses. Elles donnent souvent deux fois et parfois vous pouvez voir trois fois la floraison."

Bibliographie :

Nicolas MONARDES, de rosa et partibus ejus, Séville, 1540
MATTIOLI, Commentaires sur les 6 livres des simples de Dioscoride, 1544
Rembert DODOENS (traduction Charles de l'ESCLUSE), Histoire des plantes, p. 457, Anvers, 1557
Karel van SINT OMAARS, Libri picturati A20, ca 1564-1569
Conrad GESNER, Historia plantarum, 1565
Pierre PENA, Matthias DE LOBEL, Stirpium adversaria nova, p.446, Londres, 1570
Matthias DE LOBEL, Plantarum seu stirpium historia, p.618, Anvers, 1576
Matthias DE LOBEL, Kruydtboeck, p.240, Anvers, 1581
Matthias DE LOBEL, Icones stirpium, p. 206, Anvers, 1591
CLUSIUS, Rarorium aliquot stirpium, Anvers, 1583
CAMERARIUS, Kreutterbuch Deß Hochgelehrten und weitberühmten Herrn D. Matthioli, p.55, 1586
Joachim CAMERARIUS, Hortus medicus, Nuremberg, 1588
TABERNAEMONTANUS, Neuw Kreuterbuch, 1588, réédité 1625
TABERNAEMONTANUS, Plantarum seu stirpium, Frankfurt, 1590
Daniel FROESCHL, Codice casabona, 1595
GERARD, The Herball, p. 1077, Londres, 1597
CLUSIUS, Rarorium plantarum historia, 1601

Crédits photographiques :
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