Dans notre imaginaire, la Provence est gorgée de soleil et c'est vrai une bonne partie de l'année. Mais heureusement, le Sud connaît aussi ces moments de brouillard, de lumière froide et de pluie.
Je vous emmène aujourd'hui pour une escapade dans un site classé remarquable surplombant les Alpilles : les Jardins de Saint-André, qui encadrent l'abbaye de Villeneuve-lès-Avignon. Ces jardins méditerranéens de deux hectares, aux accents de Toscane, sont l'oeuvre d'une vie, celle de la poète Elsa Koeberlé.
Portons un autre regard sur ce lieu parsemé de vestiges, aride, balayé par le mistral, en altitude au sommet du mont Andaon. Le ciel est laiteux et les couleurs s'assombrissent. Malgré la douceur de l'air et après l'été indien, l'automne arrive.
C’est fin 1915, lors d’un séjour à Villeneuve, qu’Elsa Koeberlé découvre Saint-André qui deviendra le cadre de son existence de 1916 à sa mort en 1950. Fille du docteur Koeberlé, ami d’artistes comme Bourdelle, elle rencontre Gustave Fayet, peintre et collectionneur qui est propriétaire depuis 1908 de l’Abbaye cistercienne de Fontfroide, près de Narbonne.
Gustave Fayet lui achète l’abbaye Saint-André en août 1916.
Elsa Koeberlé investira toute sa fortune à la remise en état des lieux, sans vouloir jamais modifier, par reconnaissance pour l’aide apportée, son statut de « locataire à vie » de Gustave Fayet. Elle sera épaulée dans sa tâche par une amie venue la rejoindre, Génia Lioubow qui mourut en 1944, laissant une œuvre importante de peintre et de dessinateur.
A partir de 1950, les importants travaux de restauration furent continués par Roseline Bacou, petite fille de Gustave Fayet et conservateur au cabinet des Dessins du Louvre, avec l’appui des Monuments Historiques, les bâtiments et les jardins ayant été classés en 1947. Passionnée, elle se consacrera à la mise en valeur de l’abbaye et ses jardins qu’elle ouvre pour la première fois aux visiteurs en 1990. Après sa disparition en février 2013, sa famille perpétue son œuvre avec autant d’énergie et d’attachement à ces lieux.
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le Palais abbatial |
les tours de l'enceinte fortifiée
Le jardin à l’italienne retrace clairement les embellissements faits au XVIIe et XVIIIe siècles avec ses deux très beaux bassins à haute margelle, entourés de parterres de rosiers anciens, santolines, lauriers, glycines… à l’ombre des arbres de Judée.
Elsa Koeberlé et Génia Lioubow ont recréé cette partie basse du jardin, selon les plans anciens et des modèles italiens. Se retrouve le plan classique du jardin, rythmé d’arbres en pots et de statues dans le style d’une villa toscane du XVIe siècle. Longeant le pied de la terrasse, une pergola aux colonnes de pierre se couvre au printemps de glycines et de roses. Des cyprès encerclant ce parterre mènent aux puissantes voûtes soutenant les bâtiments rasés de l’abbaye du XVIIIe. Sous les voûtes, une vue unique sur le Palais des Papes d’Avignon rappelle l’importance stratégique de ce haut lieu depuis le Xe siècle.
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les parterres de rosiers |
Couvrant la plus grande partie des jardins, le jardin méditerranéen en terrasse offre une vue exceptionnelle sur les Dentelles de Montmirail, le Mont Ventoux, les Alpilles et le Palais des Papes.
La chapelle, du XIe rehaussée d’une tour d’observation au XIXe, a retrouvé sa silhouette d’origine. Planté d’oliviers centenaires et d’espèces méditerranéennes alliant harmonieusement le végétal au minéral, sans plans précis, ce jardin laisse les plantes s’épanouir librement redonnant vie aux vestiges de l’un des grands monastères du sud de la France.
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De nombreuses statues, vasques, poteries décorent ces jardins très féminins. |
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Vue sur Avignon, depuis les terrasses de l'abbaye |
Que c'est beau et serein Alix ! Je me suis régalée, y es-tu vraiment allée ou as-tu reconstitué les lieux à partir d'un ouvrage ? C'est si joliment raconté. Ce fut un réel plaisir que d'arpenter avec toi ce lieu magnifique. Quelle époque ? J'admire toute ces passion mise au service d'un patrimoine. Un grand merci, je vais aller voir d'un peu plus près qui sont ces personnages.
RépondreSupprimerC'est un reportage 'vivant' puisque j'y suis allée à la fin de cet été. Tout était très sec. Le ciel était bien plombé mais il n'a pas plus une goutte ! Le site regorge de ruines, de statues et autres décorations de pierre et c'est cette alliance du végétal et du minéral qui est belle. Il y a aussi une jolie vue sur Avignon.
SupprimerLe printemps reste sans doute la meilleure période pour profiter des lieux.
Bises