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Bienvenue sur mon site dédié aux roses anciennes et modernes. Laissez-moi vous conter l'histoire de jardins remarquables, vous présenter des roses méconnues ou oubliées, vous conseiller de beaux livres...

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mercredi 21 août 2019

A Gassin, une roseraie sur la Côte d'Azur


Quel courage ! Et quelle audace aussi d'avoir créer une roseraie de roses anciennes au bord de la Méditerranée !
Anne et Julia Delpeuch devaient être passionnées et très motivées pour avoir envie de se lancer dans une telle aventure en pays de cocagne. 
Cette roseraie, entourée de forêts, est nichée dans une petite vallée du golfe de Saint-Tropez. Le projet a été initié en 2013.
Anne, la jardinière, a rejoint sur place sa sœur Julia, ex-antiquaire. A quatre mains, elle ont métamorphosé un terrain de 1,5 hectare pour abriter une collection de roses botaniques, roses anciennes et roses Nabonnand.

Rosa macrantha 

Le sol a été défriché et enrichi de 20 tonnes de compost et d'engrais vert. En 2015, les premiers rosiers ont été plantés, largement espacés les uns des autres. Ils poussent en toute liberté, dans l'herbe soutenus par des tipis de bambou, sur talus... et sont accompagnés d'arbustes à petits fruits : framboisiers, groseilliers.
Les rosiers sont francs de pied, c'est-à-dire qu'ils poussent sur leurs propres racines. Ils ne sont pas greffés et vont pouvoir drageonner à foison. Ces plants proviennent de chez Yan Surguet, le producteur bio de la roseraie de Talos, qui ne vend que des sujets issus de boutures.
rosier Queen of the musk
Rosa chinensis mutabilis

 
La roseraie a été inaugurée en mai 2018. Il y a plus de 240 rosiers dont 160 sortes différentes. La collection continue à s'enrichir. 
Au début du printemps, le résultat est bluffant. Nous aussi, régions du Sud, nous avons un gazon vert pomme et des couleurs fraîches à cette période.
Julia et Anne Delpeuch devant Rosa gallica officinalis


 
Mais dès juin, cela se gâte. L'herbe a perdu de sa superbe. La canicule fait rage, il ne pleut plus. Et là, je me pose la question : comment font-elles pour maintenir à flot une roseraie sous ce soleil de plomb ?
 

Je suis bien placée pour savoir que cultiver des roses anciennes sous un astre brûlant peut être démoralisant. Dans mon jardin, les rosiers sont presque tous situés à mi-ombre et j'arrose. Ils tiennent le choc.
Ici, l'espace est dégagé. Pas de parasol pour les plantes. Les floraisons doivent s'apprécier au juste moment. Qu'importe, c'est une belle aventure que les deux rosomanes, désormais fleuristes cultivatrices, veulent partager. Le jardin est ouvert au public de mai à septembre. 

rosier Super Dorothy

Anne et Julia Delpeuch organisent des ateliers. Elles confectionnent des bouquets tout au long de l'année en assemblant fleurs de saison, lichens, écorces, jeunes pousses d'arbres, tiges de bambou, feuillage d'eucalyptus... 
Leur objectif est aussi de proposer à la vente des boutures de rosiers, prélevées du jardin. Elles participent aux foires aux plantes de la région et animent de mini-conférences. 
En un mot, les idées ne manquent pas. On leur souhaite bon vent !



Le Jardin de Gassin
323 chemin de Pimpinon
83580 GASSIN

Sources :

dimanche 11 août 2019

Un peu de lecture dans nos transats

Des jardins du Louvre aménagés par les rois de France au XIVe siècle aux jardins de Chambord récemment recréés, un nouvel ouvrage aborde le thème du jardin de la Renaissance, sous trois angles : architectural, hydraulique et botanique.
Il vient de paraître en avril 2019 de la plume d'un collectif d'historiens de l'art, dirigés par Lucie Gaugain, Pascal Lievaux et Alain Salamagne, eux-mêmes chercheurs et enseignants. 
Presses Universitaires François-Rabelais, Tours, 45€

Autour des châteaux, les jardins ouvrent sur un environnement recomposé par la main de l’homme. 
A la Renaissance, les jardins s'alignent sur l'ordonnance des demeures nobles, dans une composition axiale. Symboles de pouvoir, ils sont dessinés à la gloire du maître des lieux. 
Ils sont nettement plus grands que les jardins du Moyen Age et sont faits pour être vus depuis les fenêtres. Parterres, bosquets invitent au parcours le long d'allées ou à l'ombre de berceaux de verdure. 
A partir de 1500, la mode italienne s'affirme avec l'utilisation croissante de l'architecture dans la composition des jardins. Des fontaines et des bassins ornés de statues jalonnent les allées, des belvédères ménagent des vues sur des horizons inédits.
le château de Chambord et ses jardins

Jardin des Tuileries et palais projeté par Catherine de Médicis en 1564.
Dessin de Gilles Brémond d'après une source historique. Plan d'Androuet Du Cerceau

Des pavillons et galeries, aux recherches conduites sur la botanique, le jardin à la Renaissance apparaît à la fois comme un lieu de plaisance et d’expérimentation savante. On s'y promène, on y converse, on y joue (jeu de paume, jeu de mail...).
Il est caractérisé par des parterres géométriques, des allées rectilignes de sable ou de gravier. Les allées, tracées à angle droit divisent l'espace en compartiments (ou parquets) symétriques, ceints de clôtures basses en bois (appelées accoudoirs) et fermés parfois par de petites portes. Aucun arbre n'apparaît dans les carreaux. 
La composition des carreaux est diverse. On peut y trouver aussi bien des plantes potagères, bordées de lavande (artichauts, asperges, laitue, roquette, chicorée, ail, oignons, échalotes...) que des plantes ornementales (œillets, iris, lys, myosotis, ancolies, pensées, marguerites, roses trémières... ). 
Néanmoins, les jardins sont scindés en zones distinctes suivant leur utilité : jardin d'ornement avec des broderies de buis, jardin bouquetier avec des fleurs pour la confection des couronnes et guirlandes, jardin potager, jardin aromatique, jardin fruitier.
Les rosiers (rosa alba maxima, rosa gallica officinalis) sont utilisés en plantes grimpantes et sont palissés sur des treillages. Les bulbes rares (tulipes, fritillaires impériales, jacinthes, anémones...) sont cultivés dans des pots ou dans un jardin 'exotique' dédié. Quant aux agrumes (orangers, citronniers), ils sont plantés dans des caisses en bois et rentrés en hiver dans une orangerie. 



magnifique patchwork végétal
Villandry vu du ciel

Les jardins de châteaux du XVIe siècle ont tous disparu. Heureusement, il nous reste les dessins d'époque, extrêmement précis de l'architecte Androuet du Cerceau, dans son recueil des Plus excellents bastiments de France.
Les châteaux de Villandry, Chenonceau, Chambord... souhaitent faire revivre leurs jardins. Leur recréation dans des lieux aussi prestigieux se modèle sur les traces anciennes ou s’accompagne d’interprétations contemporaines. Mais l’aménagement de ces jardins patrimoniaux s'inscrit, désormais, au cœur d'enjeux touristiques et écologiques.
château de Chenonceau
plan des jardins de Chenonceau, 1570
Jacques Androuet du Cerceau


Ce livre très documenté offre en 288 pages, une analyse renouvelée sur l’environnement des châteaux Renaissance. 
Il complète un très beau catalogue paru en 2014, à l'occasion d'une exposition au château de Blois, rédigé entre autres par Elisabeth Latrémolière, Pierre-Gilles Girault et Jean Guillaume (éditions Gourcuff Gradenigo). La couverture de ce livre représente Henri d'Albret, roi de Navarre, tenant une marguerite. 

Henri d'Albret, roi de Navarre, tenant une marguerite, vers 1527.
Sans doute dans le jardin du château de St-Germain-en-Laye. 
Enluminure commandée par son épouse Marguerite d'Angoulême, 
l'année de leur mariage.

Des sites à découvrir :
https://www.chateaudestuileries.fr/les-jardins/
https://www.chateauvillandry.fr/les-jardins-de-villandry-renouent-avec-le-style-renaissance/
http://chateaux-jardins-etc.overblog.com
https://fr.m.wikipedia.org/Jardins_de_la_Renaissance_française
http://www.proantic.com/magazine/jardins-chateaux-renaissance/