Tout d'abord, je tiens à préciser qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre la taille d'un rosier buisson et celle d'un rosier arbuste. Par définition, le premier atteint simplement une hauteur adulte plus grande que le second.
Un rosier buisson, qu'il porte de petites fleurs (polyantha, floribunda) ou de grandes fleurs (hybride de thé, hybride remontant, hybride anglais, Portland) atteint une hauteur comprise entre 40 et 120 cm.
Un rosier arbuste, qu'il porte de petites fleurs (hybrides musqués) ou de grandes fleurs (Bourbon, hybride remontant, hybride de rugosa, hybride anglais) atteint une hauteur comprise entre 120 et 180 cm.
En toute logique, la coupe sera donc proportionnelle à la hauteur du rosier. Les grands principes restent les mêmes. Simplifions-nous la vie !
rosier arbuste rosier buisson
Les conseils qui vont suivre ne concernent que les rosiers remontants, c'est-à-dire les rosiers qui fleurissent à plusieurs reprises en une année. Cette taille d'entretien se pratique entre janvier et mars, selon les régions, lorsque les gels intenses ne sont plus à craindre.
S'équiper d'un ébrancheur pour les tiges robustes de gros diamètre et d'un sécateur propre, aux lames aiguisées et désinfectées à l'alcool, ceci évitant la propagation des maladies.
Etape 1 : rajeunir
Le premier geste à faire est de couper les branches cassées, mortes ou malades. On les reconnaît car elles n'ont pas la même couleur que les autres. Les tiges mortes sont brun foncé. Les tiges malades sont vertes avec des taches blanches ou marron.
Pour les rosiers âgés qui ont de nombreuses branches, il est bon aussi de supprimer, à leur base, les vieilles tiges qui s’essoufflent. Cela encouragera le rosier à émettre de nouvelles branches, plus florifères.
➥ Vérifier, en cas de sujets greffés, qu'aucun gourmand ne fait son apparition. Si nécessaire, couper au ras du porte-greffe pour éliminer ces tiges indésirables se développant au détriment du rosier.
Etape 2 : éclaircir
Afin d'éviter les maladies cryptogamiques (marsonia, oïdium..), les rosiers doivent être aérés. L'air doit pouvoir bien circuler entre les branches. Les rosiers respirent comme nous et ils ne doivent pas étouffer sous une multitude de branchettes. Il convient de conserver au minimum 3 branches fortes, l'idéal est bien sûr d'en avoir plusieurs.
➥ On coupe alors les tiges faibles et les brindilles qui fleuriront mal.
➥ On coupe les tiges qui s'entrecroisent et se gênent.
➥ On coupe les tiges qui sont trop proches les unes des autres.
A ce stade, les branches charpentières sont bien apparentes avec un espacement homogène. Elles sont dégagées. Vient l'opération d’émondage.
Etape 3 : raccourcir
Pourquoi taille-t-on les rosiers ? L'objectif, avant tout, est de régénérer la plante pour assurer sa longévité. Un rosier ne gardera pas les mêmes branches toute sa vie. Un rosier qu'on coupe, va réagir en formant du bois neuf, sain et plus vigoureux. La taille stimule la croissance des nouvelles pousses.
Il y a les jardiniers, adeptes de l’émondage sévère et ceux qui se contentent d’épointer. Le résultat dépend de l'effet de masse recherché mais impacte la quantité de fleurs. Une taille courte induit des roses plus grosses et mieux formées. Une taille légère entraîne des fleurs plus nombreuses mais plus petites.
a) taille courte
b) taille modérée
c) taille longue
Cas a) Le rosier est rabattu sévèrement, à 15 cm du sol. Cette pratique a longtemps été la règle pour les hybrides de thé, afin d'obtenir de grandes roses bien formées. Elle est en usage chez les professionnels pour établir la charpente d'un rosier greffé.
A mon avis, cette taille est à éviter par la suite au jardin, même si la place manque dans le massif. Le rosier est mutilé. On court le risque que les bouts de branches restants sèchent et meurent. Si tout va bien, la plante va s'étoffer mais elle restera naine et ce n'est pas très esthétique. Un rosier trop taillé est plus sensible au gel tardif et peut mourir.
Cas b) Le rosier est raccourci de moitié. La taille est de bonne hauteur mais le rosier a une silhouette difforme. Le but est aussi d'avoir une plante présentant un port harmonieux. Un léger arrondi est agréable à l’œil. Personnellement, je coupe les rameaux du pourtour plus court que ceux du centre.
On veillera à répartir les départs tout autour de la souche pour éviter un déséquilibre et surtout à ne pas raccourcir tout à l'horizontal, comme si on passait un taille-haie !
N'hésitez pas à laisser des branches, même moins vigoureuses ou âgées, si cela peut améliorer l'aspect général du rosier.
Cas c) Le rosier est raccourci d'un tiers. Cette taille est à la fois la plus jolie et la plus bénéfique. Ce cas concerne un rosier déjà ramifié. Il faut donc conserver les différents départs de branches et simplement les raccourcir. Les roses seront de belle taille et plus nombreuses. Le rosier prendra la forme d'une plante touffue avec plusieurs embranchements.
Le principe veut que l'on taille de moins en moins court avec les années, pour justement conserver les ramifications successives qui sont apparues avec le temps.
Les tailles se font 1 cm au dessus d'un œil ou bourgeon, dirigé vers l'extérieur. Elles sont biseautées afin d'empêcher l'eau de stagner sur la coupe. Elles sont inclinées en sens inverse du bourgeon pour le protéger du pourrissement.
bonne coupe / coupe trop proche du bourgeon / coupe trop éloignée et mal orientée
Astuce : Lorsqu'un rosier est trop évasé et que son centre se dégarnit, il est judicieux de couper à 'œil entrant'. Dans ce cas, on coupe au niveau d'un bourgeon orienté vers l'intérieur du rosier. En poussant, le rosier adoptera une allure plus ramassée.
Variante : l'arcure
Cette technique concerne les arbustes ou buissons qui filent vers le haut, qui sont trop élancés et dont les roses fleurissent au sommet des branches. Elle est valable pour les rosiers aux branches suffisamment souples pour être pliées.
Dans cette optique, on tire un trait sur l'étape 3 pour conserver des branches longues. Le principe consiste à courber à terre les tiges, de façon à stimuler la formation de bourgeons à fleurs tout le long des rameaux. Les branches sont maintenues au sol avec des crochets.
C'est le même principe que pour les rosiers grimpants qui sont palissés. Le fait de couder artificiellement ralentit la montée de sève. Une circulation contrariée de la sève privilégie la floraison au détriment de la « mise à bois ». Le rosier occupera une plus grande place au sol mais paraîtra plus replet et produira plus de roses.
En somme, il faut tailler bien et beau.