Les épisodes caniculaires se succédant d'année en année, l'idée d'installer une piscine dans le jardin vous a déjà tentés, n'est-ce pas ?
Oui mais où et comment ? Car c'est la grande question que se pose tout jardinier qui souhaite se rafraîchir en été mais aussi conserver un espace de culture. Profiter d'une piscine, d'accord, mais sans sacrifier l'espace dévolu à notre passe-temps favori, le jardinage.
L'enjeu est donc de taille. Il ne s'agit pas de construire une piscine sur un terrain nu, sans végétaux, sans âme... mais bien de concevoir un jardin paysager avec accessoirement un bassin de nage ou de jeux.
Une piscine hors-sol me semble difficile à intégrer dans ce projet. Ce type de bassin est une pièce rapportée, trop volumineuse, qui aura bien du mal à se faire oublier dans le décor.
Une piscine enterrée paraît la solution idéale. A fleur du sol, elle épouse le relief du terrain. Le regard glisse sur l'écran d'eau.
Ce serait dommage que la piscine vole la vedette aux plantations ! Élément phare du paysage, elle doit magnifier le cadre, apporter de la lumière et de la transparence, se fondre habilement dans la verdure ambiante.
La tentation de construire une piscine, sans terrasse attenante, est tentante. Comme un plan d'eau, posé au milieu du gazon. Avec des margelles étroites, ce style de piscine très en vogue ressemble un peu à un bassin décoratif à l'ancienne. Le rendu est esthétique ; gare, cependant, aux conséquences pratiques : les pieds nus, foulant terre et herbe tendre, risquent de souiller l'eau limpide... Et je ne parle pas de la tondeuse qui passe tout près...
bassin ou piscine ?
L'illusion est parfaite au domaine de La Baume, à Tourtour (83)
La couleur de l'eau revêt une importance particulière. Exit le bleu turquoise, qui fait trop "piscine municipale", un bleu-gris est du meilleur effet et paraît plus naturel. Pas trop foncé, tout de même, au risque de donner la désagréable sensation de se baigner dans un bassin à poissons rouges !
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réalisation Vincent Vallée, en Normandie |
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le jardin de la poterie Hillen, à Thermes-Magnoac (65) |
Quid des margelles ? En pierre, en bois ? Les contours en bois (ipé, teck, pin douglas, cumaru...) ont la cote et insufflent un esprit contemporain. Je ne suis pas fan et avoue une nette préférence pour la pierre.
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une propriété à Opio, dans le Var |
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réalisation Nicolas Roubaud |
L'alliance du minéral et du végétal est très élégante. Le nec plus ultra, selon moi, reste la pierre naturelle : ardoise, travertin, pierre de Bourgogne, pierre de lave, pierre bleue du Hainaut... (bien qu'il existe de beaux dallages en pierre reconstituée).
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au château d'Uzer, en Ardèche |
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parc de La Minotte, à Montfort-L'amaury (78) |
Et la forme, la taille ? La piscine sera idéalement proportionnelle au jardin. Une piscine minuscule, telle un bac à nénuphars, semblera ridicule dans un parc ! Une piscine trop imposante dans un petit jardin citadin laissera peu de place à la pelouse. Tout est question d'harmonie.
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la bastide de Marie, à Ménerbes (84) |
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réalisation Thomas Gentilini |
J'ai un faible pour les réalisations de Jean Mus. Cet architecte-paysagiste arrive à concilier piscine et jardin avec beaucoup de talent.
Auteur de jardins d'exception dans le sud méditerranéen, Jean Mus a signé de nombreuses réalisations avec piscine, en accordant un soin tout particulier au choix de plantes endémiques et odoriférantes. Une mine d'inspiration !
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réalisation Jean Mus |
Allez, je vous quitte, il fait 37°. Après cette longue dissertation, il est temps que j'aille en profiter...de ma piscine !!