Dédiée à Fanny Rebecca Pereire, la seconde femme du célèbre banquier (qui n'était autre que sa jeune nièce, épousée à 15 ans, fille de son frère aîné !!?...), cette rose a une histoire un peu compliquée.
La roseraie de L'Haÿ la raconte avec moult détails :
Tout débute lorsqu’ Armand Garçon, jeune ouvrier jardinier habitant à Rouen, commence à créer des roses, dont une qu’il nomme Le Bienheureux de La Salle.
Fier de son travail, il présente ses variétés aux réunions de la Société centrale d’Horticulture de Rouen qui décide d’exposer ses créations aux Expositions Universelles de Paris de 1867 et 1878. Armand se voit ainsi remettre le premier prix pour les roses de semis.
Cependant, Armand Garçon préfère vendre la plupart de ses variétés aux rosiéristes de la région parisienne, et notamment à Margottin Fils qui achète Le Bienheureux de La Salle. Ce dernier la rebaptise Mme Isaac Pereire, en hommage à la femme du financier, décédé un an plus tôt, en 1880.
Portrait de Mme Pereire, par Alexandre Cabanel (1859) |
En 1882, la Société botanique d’Angleterre organise un concours à Londres. Margottin Fils se voit remettre un prix pour la rose Mme Isaac Pereire.
dans mon précédent jardin, en lisière de massif |
Apprenant la nouvelle, la Société centrale d’Horticulture de Rouen écrit à la Société botanique d’Angleterre en lui expliquant l’histoire de cette rose et en demandant que le prix soit décerné à Armand Garçon, le véritable obtenteur de la rose.
Le nom de l'obtenteur sera restitué mais le nom de la rose primée Mme Isaac Pereire restera inchangé.
Les années ont passé, Fanny Rebecca Pereire s'est éteinte en 1910, à l'âge respectable de 85 ans, mais nous cultivons toujours sa magnifique rose qui prend des allures de grimpant sous climat chaud.
Mon rosier, quant à lui, formait un joli buisson que je traitais comme un hybride de thé, dans un massif. Très généreux en fleurs, il avait une remontée de septembre époustouflante.
Seul bémol, son feuillage facilement atteint de rouille. Après avoir ôté les feuilles abîmées début août, j'épandais une bonne dose de fumier de cheval et d'engrais en granulés. Très rapidement, un nouveau feuillage tout neuf faisait son apparition. Promesse d'un bel écrin pour la floraison d'automne.
Que va-t-il me réserver à présent, dans sa nouvelle terre de cocagne ?...
peinte par Yana Movchan, une artiste florale ukrainienne |
Sources :
Journal des roses, page 82, 1883
Journal des roses, pages 52-53, avril 1893
Journal des roses, pages 115-116, août 1898
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